Escarres, Jacques témoigne
mercredi 7 janvier 2009

Jacques, que pourriez-vous dire à un jeune para ou tétraplégique ?

Que préconisez-vous pour éviter les escarres ?

  • Il faut se surveiller énormément, traquer la moindre petite rougeur surtout les 4 à 5 premières années après « l’accident » car le corps, pendant cette période, se transforme complètement, perte de muscles, de sensibilité, de repères.
  • Au début, se soulever le plus souvent possible toutes les 4 à 5 minutes même pour 3 à 4 secondes, je note que les contractures des fessiers peuvent servir à modifier ses appuis. Il existe deux types d’escarres : -Les escarres d’appui (sang qui ne passe plus, comme un bleu) un problème sur un appui ne pardonne pas !
  • Les escarres de frottements (rouge, brûlure, cloque). Dès que vous apercevez une rougeur, vous devez rester allongé plusieurs jours, sans appui. Surtout ne pas faire de massage.
  • Si l’escarre évolue et s’installe sur l’os, vous devez aller à l’hôpital et une greffe sera nécessaire. L’immobilisation sera beaucoup plus longue que si vous ne vous êtes pas arrêté dès le début ! Mettre un coussin pour que l’ischion puisse moins porter et faire une escarre.
  • La seule fois où une rougeur est apparue chez moi c’était par le frottement de la contracture au sacrum (brûlures) sur une alaise à l’hôpital. J’y étais resté 1h30 !

- Il y a une différence entre les types de peau :

  • La peau claire est plus fragile ;
  • La peau mate et la peau noire sont moins fragiles mais il y a beaucoup plus de difficultés pour discerner les rougeurs ou les bleus. J’ai moi-même la peau mate.
  • Attention aux boutons, il faut bien les soigner, les désinfecter car ensuite l’infection peut se transformer en escarre. Bien observer la peau aux endroits des appuis et là où la peau ne respire pas.
  • Ce qu’il faut faire et ne pas oublier : observer la peau et voir s’il y a des traces d’humidité, de chaleur, de transpiration … bien se sécher aussi !

Le faire soi-même ? Sinon, le faire faire par qui ? :

  • Surveillance chaque jour : je me mets sur le côté et je regarde mes fesses, miroir format A5.
    Il faut demander chaque jour à l’aide-soignante ou l’infirmière l’état de sa peau car, du fait de la routine, le professionnel peut oublier de vous le dire.
    Par qui ? :
    Il est gênant que cela soit quelqu’un de proche qui vous soigne, vous observe. Je ne peux pas concevoir que mon amie me soigne puis ensuite que nous fassions l’amour.
    J’ai souvent discuté de cela avec des personnes dans le même cas que moi et il semble que les personnes qui se font soigner par leur compagne ou compagnon aient peu de relations sexuelles.

Comment gérer la période d’immobilisation ? :

Je recommande :

  • Le repos, rester le plus longtemps allongé ;
  • Une nourriture équilibrée avec, notamment, de la viande rouge.
  • L’utilisation d’un standing (matériel pour se mettre debout) : l’appui est différent sous les fesses par rapport au verticalisateur.

Des pistes pour aider à gérer le problème sur le plan psychologique ? :

  • Trouver un psy qui connaisse le handicap.

Dans le cadre des actions préventives (en particulier la surveillance de la peau, les soins etc), avez-vous le sentiment d’avoir développé de nouvelles relations avec votre corps par rapport à avant l’accident ? Si oui, comment les décririez-vous ? :

  • J’ai appris à me connaître physiquement, à savoir pourquoi un frisson me traverse, etc., …
    • Je tiens à dire qu’il faut même exagérer la surveillance au départ.
    • Ne pas se laisser aller, ne rien négliger au départ.
    • Le corps médical a un grand rôle à jouer dans l’éducation, dans la prévention de ce type de problème.

Un conseil :

Il est souvent difficile d’intégrer un service pour soigner une escarre, à cause du manque de place. Je vous conseille donc de garder une relation avec le médecin de l’hôpital ou du centre de rééducation. Il est bien de faire un bilan tout les 3 ans. Ainsi le médecin vous connaîtra et il sera plus facile pour vous d’être accepté dans un service au lieu de rester chez vous. Il est certes plus ennuyeux d’être à l’hôpital mais la prise en charge est meilleure et vous vous remettrez plus vite.

Merci Jacques

Retrouvez ce document en pdf, lien interne - (34,4Ko) - Date : février 2007